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 N° 508
 
 
 
    23 juillet 2007
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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 Soignant, sois toi-même  

Photo de l'auteur Docteur François-Marie Michaut lui écrire

Au terme d’une longue et très active vie consacrée à tenter de soigner le mieux possible ceux qui m’ont fait l’honneur de m’accorder leur confiance, une question me vient. Finalement, et avec les yeux de quelqu’un qui a vu beaucoup de choses et de gens dans sa vie, qu’est-ce que j’aurais aimé que me disent ceux qui m’ont formé au métier de soignant ?

retrouver la confiance

La somme de connaissances théoriques, scientifiques et pratiques est telle pour former un médecin ( ou tout autre soignant, cela va de soi à mes yeux) que nos professeurs doivent consacrer un temps énorme et des efforts pédagogiques constants pour nous faire rentrer au mieux dans la tête cet indispensable bagage. Ce premier, et absolument incontournable, niveau de formation est, très généralement, atteint grâce à nos formateurs. On ne peut que leur en être reconnaissants. Même si, parfois, et au fil des années écoulées depuis, certaines formules-choc qu’ils ont eues prêtent à sourire. Ainsi, très sérieusement, les ténors de la vieille faculté de médecine de Paris nous claironnaient au milieu des années 60 la formule suivante. “ La science médicale évolue si vite que le tiers des connaissances d’un médecin devient périmé au bout de trois ans “. Pour qui voulait bien entendre, l’injonction était claire. En dehors de l’acquisition permanente de nouvelles connaissances théoriques, en fait celles approuvées puis dispensées par nos mandarins ou leurs zélés serviteurs, point de salut pour les pauvres médecins condamnés à une ignorance crasse en moins de dix ans.

restaurer la conscience

Comment, cependant, ne pas remarquer que ce qui était dogme intangible un temps pouvait brutalement passer au rayon des antiquités dépassées ? Puis, par un étrange effet de mode, retrouver une nouvelle jeunesse. La quasi sanctification de l’accumulation de masses de connaissances théoriques par les sphères enseignantes fut vite usée, confrontée à la réalité pure et dure de la pratique médicale. C’est exactement au cours de cette prise de conscience qu’une évidence est apparue. La connaissance, le savoir-faire, l’imitation fidèle des prétendus experts, tout cela est certes nécessaire pour débuter, mais se révèle à l’usage insuffisant et inadapté.

renforcer la compétence

Comme j’aurais apprécié que l’on me parle d’autre chose que de “science médicale”. Comme j’aurais aimé que l’on me dise que le soignant idéal est un rêve idiot. Comme il aurait été plus facile d’entendre quelque chose comme : “ Tu es comme tu es, avec plein de défauts, avec plein de qualités aussi. Ce que tu nommes tes défauts peuvent se révéler dans ton travail de soignant des qualités remarquables, et réciproquement : ce n’est pas à toi, ni même à moi, ton professeur, d’en juger. Ce sont tes patients qui en décideront souverainement. Ne perds pas un gramme d’énergie à tenter de ressembler au soignant idéal que tu t’es construit dans la tête : il n’existe tout simplement pas. Et pendant que tu te contrains à ressembler à cette image d’Epinal, à ce modèle inhumain tant il est surhumain, c’est ta vie à toi que tu assassines. Le seul résultat auquel tu peux parvenir, c’est d’être en permanence en porte à faux, car tu es en contradiction avec toi tel que tu es en cherchant à devenir ce que tu devrais (?) être.
Tu comprends bien que si tu ne veux pas être un soignant malheureux, comme il en existe hélas tant, tu devras en permanence, et selon tes voies propres, faire l’effort de te connaître toi-même de mieux en mieux, sans relâche et jusqu’à ton dernier souffle”.
Il est bien possible que l’auteur de ces lignes soit le seul à voir ainsi ce que pourrait être - à ses yeux - une vraie formation de soignant. Ceux qui ont été les plus habiles à accumuler comme des trésors les connaissances de leur discipline, ceux qui ont été les meilleurs élèves de leurs propres maîtres avant de devenir ainsi eux-mêmes nos maîtres, sont-ils capables de tenir un tel discours qui remet fondamentalement en cause leur piédestal personnel et la dimension humaine de leur mission de formateurs ? Cette question - qui devrait être au cœur de l’éthique des enseignants de santé - demeure actuellement sans réponse. Pour toujours ?


Pour ceux qui ne connaissent pas encore notre Charte d’Hippocrate.

Lien : http://www.exmed.org/archives08/circu532.html




Os court :« Le plaisir des morts est de moisir à plat. »
Robert Desnos


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