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Dans nos pays baignant en toute inconscience dans une opulence matérielle exceptionnelle un refrain revient de plus en plus régulièrement dans l'air du temps. Nous devons, nous dit-on de tous les côtés, sauver notre planète. Qui peut oser s'élever contre un objectif aussi généreux ? Nos connaissances, bien qu'encore très fragmentaires, sur les atteintes à l'environnement que causent, ou peuvent causer, nos activités humaines sont inquiétantes.
Tout le monde a entendu parler des gaz à effet de serre, du réchauffement de la planète, du trou dans la couche d'ozone, de la fonte de certains endroits des pôles, et de ces pauvres ours blancs menacés dans leur survie. Que de belles images, que de grandioses croisades populaires à mener ! Cette écologie qui semblait le fond de commerce de quelques irréductibles adeptes de Jean-Jacques Rousseau, ne voilà-t-il pas que tout le monde la revendique. Oui, il faut en urgence sauver la planète nous disent les prophètes médiatiques solidement installés dans les slogans à la mode.
Comme les modèles théoriques pour donner un sens aux activités des hommes ne se bousculent plus au portillon, c'est du pain béni pour nos politiques. Enfin, on va pouvoir agir dans un domaine sans risquer de mécontenter ceux qui les ont élus.
La machine à compter, classer, chiffrer en vue de réglementer peut se mettre en route. légiférer sur toutes les activités des hommes pour qu'elles soient le moins destructrices possible de notre environnement, voilà ce qui semble le plus important aux yeux de ceux qui conduisent les affaires publiques. Il est évident que les grandes déclarations d'intention, les promesses tant de fois déçues de réduire de x % tel ou tel fléau en x années sont à nos oreilles devenues dérisoires. Nous voulons du concret, des décisions, et que cela se traduise finalement en millions ou milliards de financements pour mener des actions. Se doter de lois, de normes, de règles officielles et de contraintes nouvelles peut donner le change. Admirez-nous, nous les politiques, on est efficace en travaillant à tout cet arsenal pour "sauver la planète".
Beaucoup d'entre nous demeurent sceptiques, et pessimistes pour la santé de notre environnement. Quelques uns militent dans des mouvements écologiques qui choisissent soigneusement leur cible d'intervention, parfois simplement dans une optique politicienne plus ou moins clairement annoncée. Parfois aussi en toute bonne foi, nos militants sont persuadés qu'en s'occupant de la survie des grenouilles dans les marais de telle ou telle contrée, ils contribuent à "sauver notre planète".
Une idée tellement simple qu'on la perd de vue mérite qu'on s'y arrête un instant. Depuis longtemps les astrophysiciens nous ont démontré à quel point le vivant ( la biosphère ) est fragile. Un minuscule changement de quelques degrés de l'axe de rotation de la terre, et les températures extrêmes obtenues condamneraient toute forme de vie. Mais, même si nos activités humaines parvenaient un jour à modifier à ce point les climats, seule la vie sur Terre disparaitraît. Ce n'est pas la petite planète Terre elle-même qui cesserait d'exister, ce sont les êtres vivants qui la peuplent - et nous les premiers - qui seraient rayés de la carte.
Allons, un petit effort, qui est beaucoup plus qu'un simple exercice de langage. Cessons d'avoir l'orgueil de penser que nous avons le pouvoir de sauver notre globe, comme s'il était condamné si nous disparaissons. Il n'y a que le vivant sur lequel nous puissions agir. Et sur ce vivant, c'est bien de l'homme dont nous pouvons et devons nous soucier au premier chef. Faisons tout ce que nous pouvons, et dans tous les domaines de nos activités ( pas seulement dans celui, bien limité, dit de la santé ) pour respecter tout ce qui est humain. Et pour éviter au mieux la liste infinie de tout ce qui est inhumain dans nos façons d'agir.
Si cela vous convient de nommer cela cultiver l'humanisme, soignons au mieux notre humanisme . Si vous préférez lui donner tout autre nom, ne vous en privez surtout pas : le sort de la partie vivante de la planète bleue en dépend directement. Et, en vérité, s'il se trouve un jour privé de toute possibilité de vie, que peut bien nous importer que survive ou non notre monde devenu deshabité ?
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