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Servitude et Grandeur du médecin postmoderne : c'est ainsi qu'a été présenté dans le Quotidien du Médecin le dernier ouvrage de J.F.Mattéi, président de la Croix-Rouge française, généticien, pédiatre, éthicien, humanitaire, mais surtout, MÉDECIN: " L'Homme en quête d'humanité" (1).
Servitude et Grandeur ? Effectivement, le médecin d'aujourd'hui a vu (et verra) exploser ses connaissances, confronté qu'il est (et sera de plus en plus, comme dans toutes les autres disciplines de la vie, d'ailleurs) à quantité de bouleversements que cite Christian Delahaye dans son article critique:
• la procréation assistée pour les couples infertiles dont les enfants ainsi conçus souhaiteraient peut-être, l'âge adulte venu,savoir quel est le père biologique,
• désir de procréation pour des femmes célibataires ou, pire, pour des ménopausées, ou encore pour des couples de même sexe,
• diagnostic prénatal…
Bien sûr, le médecin de base, le généraliste lambda, sera rarement confronté à ces problèmes qui devront être résolus ( ou mis en couveuse?) par des équipes pluridisciplinaires, mais il est de plus en plus souvent soumis, non pas à la torture physique mais morale, dans son exercice quotidien:
• Trop de découvertes, trop vite connues et étalées au grand jour ( rôle des médias) et dont bien des patients avertis voudraient…de suite, bénéficier: le médecin, quel que soit son exercice, doit-il alors se soumettre à " cette obligation morale de satisfaire toutes les demandes…dès lors qu'il possède la technique? " J.F. Mattéi de constater, très lucide:" Partis d'une médecine qui s'adressait à l'homme dans la globalité de sa personne, nous voilà parvenus à une médecine d'organes, voire à celle d'une seule pathologie pour un seul organe…"
• Mais ce n'est pas tout: le médecin est soumis à des contrôles accrus, il doit se soumettre à des règles de "bonnes pratiques", il doit savoir se conduire en bon gestionnaire de son entreprise, il doit savoir que les associations de malades (consommateurs comme d'autres!) et la jurisprudence l'attendent au tournant, vite procédurières…
• Paperasserie, questionnaires multiples, contrôles divers ( fiscaux redoutés), notices de médicaments avantageusement présentées, le médecin est tenu d'être en permanence sur le qui-vive, de tout savoir ou tout au moins d'avoir entendu que…, il doit savoir intelligemment, quand il a de la bouteille ( de Bourgueil ou autre!), résister aux demandes abusives ( arrêts de travail, examens répétés inutiles, rendez-vous exagérés…), il doit accepter, même fatigué, d'être de garde et tenter de faire bonne figure…il doit essayer d'être…parfait?
• Et le journaliste de dire que malgré les servitudes accumulées et les bouleversements qui s'accélèrent, J.F.Mattéi récuse le catastrophisme ambiant: " je demeure convaincu de la grandeur sans égale de la Médecine car le médecin qui se penche sur les malades, tellement différents par ce qu'ils portent et ce qu'ils ont vécu, est capable de comprendre l'unité de notre humanité: il sait, parce qu'il l'a vue, touchée, palpée, écoutée, que toute personne humaine est à la fois fragile, profondément respectable, et davantage encore dans la souffrance…il faut faire de sa vie une œuvre d'art.
• Et Gabriel de souscrire, pleinement d'accord, à ce panégyrique éloquent, regrettant encore d'être hors-circuit.
(1) NDLR : Mais également ancien député, académicien et ministre de la santé en 2002.
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