Aujourd’hui, Internet permet l’accès à de nombreux sites du Web
spécialisés dans le domaine de la santé. Cette nouvelle forme d’information et d’éducation répond en partie à la demande des patients et des citoyens mais est-elle capable de les satisfaire sans modifier profondément la relation médecin-malade?
Les patients déclarent, dans leur grande majorité, faire confiance à la médecine et à leur médecin. Malgré ce, la crédibilité médicale est constamment remise en question dans les médias. Ce manque de confiance touche tous les acteurs de la santé, les experts comme les Autorités. La relation du patient avec le médecin a ainsi évolué en une dizaine d’années, d’une confiance aveugle à une relation régie de plus en plus par des droits et obligations (consentement éclairé…). Mais ce renforcement nécessaire des droits des patients s’est accompagné en même temps, d’un excès de procédures administratives, et d’un contrôle accru des activités médicales. Dans ce contexte de défiance, les patients ont été rapidement considérés par les autorités de santé comme des consommateurs de soins et les médecins comme les principaux responsables de l’inflation des dépenses de santé. L’éducation thérapeutique des patients et des médecins peut-elle encore modifier durablement les comportements et les acteurs de santé ? De la réussite de ce challenge dépend la survie et l’évolution nécessaire de notre système de soins
Afin de limiter les dépenses de santé, et réguler la consommation des soins, l’éducation thérapeutique est devenue depuis une trentaine d’années un objectif pour les autorités de santé. Cependant, force est de constater encore aujourd’hui que c’est l’industrie pharmaceutique (LEM 504) qui assure et finance une part importante de la formation continue des médecins et de l’éducation des patients. Dans cette démarche, qui n’est pas uniquement philanthropique on le devine, les Laboratoires assurent naturellement leurs propres objectifs. De fait,l’organisation et le financement de la formation médicale continue ( FMC) en France ne sont pas à ce jour réglés. De même, l’éducation des patients atteints de pathologies chroniques invalidantes et coûteuses tarde à se mettre en place. Ainsi, on estime que plus d’un malade sur deux est inobservant et, qu’en ne respectant pas l’ordonnance médicale prescrite, ce comportement est source d’inefficacité et de surcoût thérapeutique . De même, on estime que moins d’un médecin sur deux s’astreint régulièrement à une FMC. Actuellement, il serait donc illusoire d’attendre que les médecins assurent seuls, sans objectif et moyens définis, une éducation thérapeutique des patients Un grand nombre d’entre eux sont d’ailleurs prêts à laisser cette charge spécifique aux professions paramédicales ou à des organismes spécialisés. Les raisons invoquées pour justifier cette décharge sont le plus souvent le manque de formation et de temps, ou encore le manque de reconnaissance et de rémunération spécifique. La pénurie de médecins annoncée dans les années à venir ne peut que favoriser cette tendance déjà en place dans de nombreux pays anglo saxons où les infirmières assument le plus souvent l’éducation des patients. Ce transfert de savoir-faire aux professions paramédicales reste à évaluer quant à son efficacité réelle sur l’évolution des maladies chroniques et sur les coûts de santé. Ce qui est prévisible c’est que la relation médecin malade en sera profondément modifiée et évoluera vers plus de technicité médicale. Les médecins, faute de propositions concrètes et d’organisation structurée, perdront-ils une fois de plus ce qui est naturellement de leur compétence et de leur domaine ?
Aujourd’hui la mise en place d’une formation continue ( professionnelle ou non ) doit permettre d’assurer un enseignement de qualité, accessible à tous, et ceci en fonction des besoins, des disponibilités, de la localisation et des moyens de chacun. Seules les nouvelles techniques de communication (TIC) permettent de répondre à l’ensemble de ces critères. Toutes les grandes Universités assurent déjà des formations qualifiantes à distance. Certains penseront sans doute qu’il s’agit là encore d’une inflation de la technique et d’un appauvrissement des rapports humains. On peut leur répondre qu' il ne s’agit que d’un outil particulièrement bien adapté pour assurer la diffusion universelle des connaissances,
Une formation continue et spécifique des patients (ou des médecins), sur le Web pourrait donc être proposée pour accélérer la mise en place de l’éducation à la santé. Dans cette approche, le médecin traitant pourrait, selon son choix et, ou, sa disponibilité, être acteur, ou partenaire des l’actions éducatives. En se libérant des informations répétitives nécessaires (mais qui s’émoussent avec le temps), il pourrait développer la relation individuelle et personnaliser les soins de ses patients.
De même, une FMC à distance pourrait être rapidement mise en place, la plupart des contenus pédagogiques étant déjà disponibles. Cette formation obligatoire pourrait être suivie et validée par le médecin lui-même à son cabinet ou à son domicile, en fonction de ses besoins, de ses obligations et de ses choix. Cette formation validée (permis à points) pourrait être complétée par des formations plus classiques ou spécifiques facultatives (bonus).
Dans son n° 6 de juillet 2008, le Bulletin de l’ordre des médecins envisage de créer prochainement un nouvel outil de communication sur le Web pour mieux dialoguer avec ses membres. Souhaitons que l’Ordre des médecins puisse aller plus loin qu’un simple changement de support de communication et convaincre nos jeunes confrères de s’investir rapidement dans la formation médicale numérique. Dans cette optique, Exmed pourrait leur servir de Forum à défaut de Maître.
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