xxxA la suite du texte de loi du 11 février 2005 stipulant que tout enfant a droit d’aller à l’école, s’est trouvé ravivé le problème de la scolarisation des enfants atteints de pathologies chroniques graves ou, et, de handicaps. Pour accompagner ces enfants existent à présent des Auxiliaires de vie scolaire (tout au long de cette LEM j’emploierai le masculin, mais ce sont en grande majorité des femmes) ou AVS - à ne pas confondre avec les aides à la vie sociale.
Du rôle des AVS, les médias parlent bien peu. Pourtant l’utilité de ces personnels d’accompagnement devrait être reconnue comme essentielle pour ces enfants nécessitant tout au long de la journée une aide technique, une surveillance, et une attention particulières.
xxxGrâce à l’AVS l’enfant handicapé, malade, ou fragilisé, peut être scolarisé en milieu dit « ordinaire » dès lors que son état le permet. Il peut ainsi, comme tout enfant, être instruit, socialisé, jouer et vivre comme un enfant. Il apprend aussi - et le vit dans son corps - qu’être malade ou handicapé n’isole pas forcément des autres et du reste de l’environnement.
Malheureusement les AVS ne sont toujours pas reconnus à leur juste valeur, ni pérennisés ; ils n’ont toujours pas de statut précis et leur niveau de compétence est inégal selon qu’ils dépendent de l’Education Nationale ou d’une Municipalité.
xxxMieux connaître le rôle de l’AVS permettrait qu’un jour cette profession soit réellement reconnue.
L’Auxiliaire de Vie Scolaire a quatre fonctions essentielles dans l’évolution des enfants différents :
- L’accompagnement dans les actes de la vie quotidienne, depuis les déplacements jusqu’à l’accomplissement de gestes techniques ne nécessitant pas une qualification médicale, en passant par l’aide aux gestes d’hygiène.
- La socialisation favorisant l'intégration des enfants, adolescents ou jeunes adultes dans la vie sociale scolaire ou extrascolaire (sorties de classes, sport, spectacles etc ...)
- L’aide à l’apprentissage visant le développement de l'autonomie et des capacités d'apprentissage de l'élève.
- La communication avec les différents partenaires du projet individuel d'intégration.
xxxAinsi l’AVS veille et agit pour que l'élève évolue dans des conditions optimales de sécurité et de confort. En favorisant la socialisation, il permet à ce dernier de participer aux activités collectives, d’explorer les relations inter-individuelles, et de gagner de la confiance en lui-même. Il l’écoute et, comme il est censé connaître ses besoins propres, il lui permet ainsi d’aller à son rythme.
Si besoin, l’AVS est là également pour reformuler les discours, les consignes et les actions de l'enseignant, ce qui représente une aide précieuse pour le maître ou le professeur qu’il décharge.
Malgré les actions déployées, chaque année l’inquiétude des parents est renouvelée. Car si lors de la rentrée scolaire l’enfant n’a pas d’AVS il n’entre pas à l’école, tout simplement. Quelque soit l’âge de l’enfant le problème reste entier, même si dans le cas de l’Ecole Maternelle, la réponse faite le plus souvent aux parents est : « Votre enfant n'a pas encore l'âge obligatoire de la scolarité donc pas de souci !». Et pourtant oui il existe un souci ...
xxxChaque enfant, afin de pouvoir s’intégrer plus tard aux classes primaires puis secondaires (s’il en a la capacité) puis à l’existence, doit d’abord apprendre à vivre avec les autres, à s’adapter aux consignes, et à éveiller ses aptitudes.
Une fois l’aide d’un AVS attribuée (une vraie chance !), d’autres difficultés surgissent de façon récurrente puisque celui-ci n’est pas remplacé en cas de maladie. Certes les parents peuvent prendre des jours sur leurs congés annuels, mais un employeur n’accepte que rarement une absence sans prévenir. Ne leur reste que la possibilité de se faire faire un faux arrêt-maladie ... quelle absurdité ! Quant aux « jours de congés pour enfant malade », le bon sens dit qu’il vaut mieux les garder pour les jours où l’enfant le sera réellement.
Donc, comment trouver au pied-levé, le jour même, une garde pour l’enfant ? Qu’il soit question d’assurance ou d’appréhension, rares sont les nounous qui acceptent un enfant réclamant une grande surveillance ou une aide technique permanente. Et les grands-parents ne sont pas toujours disponibles ni proches géographiquement. Il est donc urgent de former et de recruter des AVS.
xxxQuelques chiffres : Pour l’année scolaire 2007-2008, sur 12 millions d'élèves, le nombre d'enfants handicapés scolarisés, tous âges confondus, est passé de 89 000 en 2002-2003 à plus de 162 000 en 2007-2008 soit une progression de 82 %.
Pourtant, entre 10 000 et 15 000 enfants sont encore en attente de scolarisation selon les chiffres de l’APAJ (Association pour Adultes et Jeunes Handicapés), du fait que seulement 16 300 auxiliaires de vie scolaire (AVS) sont salariés en France. Une pénurie inacceptable dans notre société qui prône l’intégration des personnes handicapées physiques et/ou porteurs de pathologies chroniques ! C’est dès la petite enfance que l’effort doit être fait, car c’est dès l’école maternelle que se tisse la vie relationnelle, que s’éveillent les potentialités, et que se dessine la perspective d’un avenir épanouissant.
xxxReconnaître l’importance des AVS serait l’un des premiers remèdes à la pénurie. En effet, leur statut flou et la précarité de l’emploi incitent peu de gens à se lancer dans cette belle aventure humaine. De plus, le salaire peu attractif et l’absence d’une véritable formation risque de dévaloriser rapidement le rôle émergeant de ce métier de l’Accompagnement.
Les AVS qui dépendent de l’Education Nationale doivent avoir le Bac et reçoivent une formation de base de 60 heures. Pour la plupart cet emploi précaire (pas de CDI) est une passerelle en vue d’autres études, ou un complément financier pendant leurs études.
xxxPour les AVS employés par les Mairies (elles-mêmes subventionnées par les DISS), le recrutement peut se faire au niveau de la 3ème et ils sont en priorité affectés dans les écoles maternelles. Leur formation est de un mois théorique (dont une large part consacrée à l’apprentissage de... l’organigramme des Services Municipaux !) et un mois de pratique.
Une fois recrutés, les AVS ont un Contrat d’Accompagnement à l’Emploi (CAE) ou d’Avenir (CA), ni plus ni moins sécurisants que les anciens « TUC ». Pas de quoi réveiller des vocations ...
Quant aux AVS nommés par la mairie, dont le métier d'origine est « Technicien de Surface » (1), ils gardent ce statut sur leur fiche de paye, faute d’un autre, inexistant.
xxxPour que le rôle des AVS soit reconnu comme un véritable métier, une formation diplômante plus dense et plus stable serait indispensable. Sans un minimum de formation, comment improviser la manutention d’un enfant ou d’un jeune en fauteuil roulant, des soins d’hygiène spécifiques, ou la gestion d’éventuels appareillages ? Comment effectuer une surveillance adaptée lorsque l’AVS ne connaît pas du tout de quoi souffre l’enfant et n’a aucun référent médical qui puisse la conseiller ? Comment l’AVS parvient-elle à anticiper et à gérer les écueils psychologiques inévitables au contact de l’enfant ?
Pour l’instant ce sont le plus souvent les parents de l’enfant qui servent de formateurs, lorsqu’ils le veulent bien, alors même que les rencontres AVS-parents n’existent toujours pas !
cccCe n’est que quelques jours avant la rentrée scolaire - voire le jour même - que l’AVS reçoit son affectation, qu’elle rencontre les parents, et que donc elle prend connaissance de la pathologie ou du handicap dont souffre l’enfant dont elle va s’occuper. Un comble !
cccC’est à se demander quel est, dans la tête de nos décideurs, le véritable objectif de la création des nouveaux métiers de « l’Accompagnement » ...
(1) NDLR : savoureuse désignation officielle de la fonction de femme ou d’homme de ménage.
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