xxxLe 3 février 2009 s’est tenu à Paris le deuxième grand colloque de l’AQUIS (Association pour la Qualité de l’Internet) (1). Son thème était celui des avantages de la certification HON. Health On the Net, santé sur la Toile, est une démarche de recherche de qualité entreprise par l’hôpital universitaire de Genève. Créée en 1995, HON (2) est une organisation non gouvernementale, sans but lucratif, accréditée par le conseil économique et social des Nations Unies.
xxxDes représentants de l’Ordre des médecins, des pharmaciens, des sages-femmes, de HON, de la HAS ( haute autorité santé) (3), de l’informatique de l’industrie pharmaceutique, et un opérateur majeur en e-santé se sont exprimés sur l’avenir de l’Internet santé. La diversité des intervenants montre qu’il est possible de briser le plafond de verre entre les acteurs de la santé et les malades par la Toile en agissant sur la qualité de l’information véhiculée.
Derrière le cadre formel du colloque, son fil conducteur est bien celui de l’Homo Connectivus suggéré récemment ici par le Dr François-Marie Michaut (4). Cette nouvelle étape de l’évolution humaine par cet outil de communication permettra d’améliorer la qualité des soins et celle de la relation médecin/malade. C’est en effet une nouvelle forme de prise en charge relationnelle des malades atteints de diverses pathologies. Les professions de santé doivent s’adapter à l’utilisation du net et l’intégrer aux connaissances qu’auront pu y trouver les patients. À partir de là, le praticien peut en profiter pour nouer un dialogue plus constructif avec son patient pour la prise en charge de sa maladie.
Le registre de l’Homo Connectivus est inépuisable. Si un patient souffre d’une pathologie en dehors de la spécialité du praticien qu’il consulte le plus souvent, il peut y avoir une interaction avec des sites pouvant compléter l’information dont ne dispose pas ce médecin, qui comme tout humain, n’est pas omniscient. Voilà qui a de quoi bousculer les préjugés sur la sacro-sainte omni-puissance du médecin.
xxxToutefois, le principe de précaution s’impose. Avant de proposer à son patient de s’informer sur le net, le médecin doit s’assurer de la pertinence des informations délivrées sur tel ou tel site. Or, le niveau d’exigence demandé par la certification HON garantit la fiabilité de la qualité médicale et facilite les recherches du professionnel de santé et celles des malades. Autrement dit, la certification fait le nettoyage des sites pseudoscientifiques ou à tonalité charlatanesque.
Si le patient cherche des informations sur le net c’est parce que son médecin ne lui a pas tout dit; mais aussi parce qu’il veut l’avis des autres patients qui souffrent de la même maladie que lui. « C’est un expert profane » dans ce cas a déclaré l’un des intervenants. Or, le vécu du patient pèse lourd dans sa compliance, et la réussite d’un traitement.
xxxL’internet de santé est l’avenir de l’éducation thérapeutique. À l’heure actuelle, ce n’est pas encore dans les habitudes des internautes d’accéder à des informations médicales de bonne facture. Le grand opérateur invité admet que le grand public consulte en priorité le portail du bien-être à la tonalité Life Style. Et pour l’avenir de l’information de santé via la Toile, les politiques de santé ne doivent pas amalgamer le bien-être, la télésanté et la télémédecine.
Tout n’est cependant pas rose sur l’Internet. À la lecture des sites, le patient risque développer un diagnostic de gravité. C’est ce que nous fait remarquer le Dr Cécile Bour dans sa LEM 585 (5) : « Le malade surfe et glane des informations plus ou moins vérifiées, parfois fausses, dans tous les cas inadaptées à son cas précis puisque généralisantes, souvent mal comprises, et l’amenant à consulter, méfiant, le praticien pour une confirmation de son auto-diagnostic.»
xxxLe praticien doit faire preuve de tact en tenant compte de la vulnérabilité du patient lors de l’annonce du diagnostic, en présumant que ce dernier peut aller chercher des informations sur la Toile. De même qu’il ne faut pas se voiler la face : « celui qui va sur les forums est celui qui ne va pas bien. »
Malgré ce bémol, une contre partie positive : une dynamique de groupe se créerait à l’intérieur des forums, et les membres s’épauleraient mutuellement. Et lorsque l’information délivrée est fiable, on observerait une réduction de l’anxiété de l’internaute. Un groupe virtuel serait plus fort qu’on ne le pense s’il dispose d’un modérateur qualifié. Il résisterait à la manipulation, et filtrerait les indésirables.
Pour le médecin ou le patient, la certification HON permet de retrouver la confiance, de restaurer la conscience, de renforcer la compétence quand ils se font Homo Connectivus. La connaissance scientifique n’est pas seulement prise en compte, elle intègre également l’expérience des soignants et celle des malades.
Ce bouleversement des mentalités sur la santé par la Toile est mis en exergue par ces propos de Blandine Poitel dans sa LEM 586 (6) « Quelle richesse que de pouvoir ainsi partager connaissances, humanité et compétences à travers le monde .»
L’Internet de santé, une traduction de la démocratie sanitaire ?
Sources:
(1) AQUIS http://www.aqis.fr/
(2) Hon, Fondation la Santé sur Internet http://www.HealthOnNet.org/
(3) HAS http://www.has-sante.fr/portail/jcms/j_5/accueil
(4) Homo connectivus, Dr F-M Michaut
http://www.exmed.org/archives09/circu583.html
(5) Information des patients par internet, Dr Cécile Bour
http://www.exmed.org/archives09/circu585.html
(6)Ma toile à moi, Blandine Poitel
http://www.exmed.org/archives09/circu586.html
NDLR : Cette lettre illustre l’article 17 de notre
CHARTE D'HIPPOCRATE . Lien
- 17°) Je participerai à la transmission des connaissances et des savoirs acquis.
|
|