« La naissance est déjà le début de la fin »,
Nous ont dit de grands sages aux propos byzantins.
« Commencer par la fin, pourtant coupe la faim »,
Me disait mon grand-père, maudissant ce refrain.
Le temps rythme la vie ; l'inverser est malsain.
A la fin de «  début », ne débute pas « fin ».
Transformer le baptême en une extrême onction,
Semble pour des parents bizarre précaution.
Pour savoir être jeune, il faudrait des années ?
Mais se trouver gâteux, n'est jamais tare innée !
Ne vivre que d'espoir nous fait mourir de faim,
Mais vivre en désespoir, n'est pas la bonne fin.
Mauvaise conseillère est la fin, c'est certain,
Et vouloir en finir est un miroir sans tain.

Quand on a vraiment faim, peu importe la sauce :
On tente de prier sans savoir qui exauce.
Quand on a vraiment faim, on choisit la citrouille
Plutôt que le carrosse, en vue d'une vadrouille.
A la fin du marché, on peut compter les bouses
Et jamais il ne faut, avant, ôter sa blouse.
Savoir partir à l'heure est souci quotidien,
Que ne sait pas calmer le bon ange gardien.
Les moyens, bien souvent, contredisent les fins
Comme on voit en Afrique des actions anti-faim.
Une fin, seule, à tout, pense le SDF,
Sauf pour le saucisson qui lui, a deux reliefs.
Quand on n'est pas très fort, il faut être plus fin,
Pour survivre à la faim sans espoir de festin.

Celui qui vit sans faim, à coup sûr, meurt de fin,
Mais ce n'est pas meilleur de prendre cent chemins.
Naître vieux garantit une fausse sagesse,
Aussi également qu'une sûre détresse.
Faut-il l'euthanasie pour une fin de soie ?
Au suicide courir, louant la fin de moi ?
Le jeune suicidé fait durer le temps mort,
Mais pour toute la vie sans retour ni remord …
Le choix de l'échéance dépend-il bien de soi ?
Privilège de l'homme ayant trop peu de foie ?
A la fin de l'émoi, je mouche … et puis rengaine.
Le mot « fin » nous fait peur comme un juron obscène.
Et quand le rideau tombe on contient mal sa peine,
Maudissant cet Auteur et son metteur en scène.