Il était une fois un pays fort gaulois,
Réputé pour ses arts, ses armes et ses lois.
Mais au fil des années sa superbe est tombée ;
Gloire et prospérité sont parties en fumée.
Depuis deux décennies ce pays de cocagne,
Sombre dans la déprime et des meilleurs s'éloigne.
C'est une république, et donc démocratique
Dont chaque citoyen par le vote s'explique.
Depuis plus de deux ans, son sort fut donc confié,
A un grand prometteur. Et certains s'y sont fiés.
Mais la situation, vite parut critique,
Et le peuple endura un repli dramatique.
Les sondages exprimant un manque de confiance,
Donnèrent au Président des records de défiance.
Alors que quinze pour cent du peuple y croit encore,
Un horrible attentat vînt renverser ce score.
Au lendemain du jour où l'on compta les morts,
La cote du grand chef, soudain prit son essor.
Instruit par ce miracle et cette remontée,
Grisé par ce rebond de popularité.
On décida alors dans les hautes instances,
De modifier la « com » et saisir cette chance :
Ne plus subir l'opprobre et la tête courber,
Agir sur l'opinion, le blason redorer.
La police en secret fut chargée chaque mois,
D'excellents attentats dans de très bons endroits,
Selon un grand programme établi par énarques,
Et où dame télé puisse montrer sa marque.
Les discours par avance on put les préparer,
Joliment ficelés, faits pour faire pleurer.
En avril, on verra s'écrouler à minuit,
Le Centre Pompidou à l'étage détruit.
Sans le moindre blessé ainsi qu'il est prévu,
On pourra programmer un discours fort ému.
Avec une tirade en défenseur des arts
A l'Ifop on est sûr d'avoir dix points d'écart.
En mai, à l'Élysée, une bombe en plein jour,
Pour Fête du Travail, explose dans la cour.
Alors, quel joli titre au J.T. de vingt heures,
Où le grand Président dira qu'il n'a pas peur !
A l'institut Harris, quinze points on attend,
Quand son profil altier brillera sur l'écran.
En juin, on a prévu une profanation
Des tombes des héros dormant au Panthéon.
Les bouses et le purin, les tags et les trognons,
Sont superbes prétextes à belle indignation.
Le grand respect des morts fait de hautes envolées,
Qui feront la Sofrès monter de vingt degrés.
Une kalachnikov dans une crèche à Lille,
Une prise d'otage au maquillage habile,
La statue de Le Pen plantée à Colombey,
L'Obélisque noircie de la base au sommet,
Le drapeau de Daesch flottant sur l'Opéra,
Feront du Président un champion BVA.
A toute la planète, il donne des leçons !
A la fin de l'année, avançant pions sur pions,
En vue des élections, en tête pointera :
Le pays, sous le charme, à nouveau l'aimera !
Il a su présenter d'un héros la carrure ;
Chacun s'extasiera sur sa noble stature…
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