« Le jour du 14 juillet, je reste dans mon lit douillet, la musique qui marche au pas, cela ne me regarde pas », la poésie doucement anarchisante de Georges Brassens demeure troublante.
Ce fameux mois de juillet, nous souvenons-nous qu'il est nommé ainsi depuis plus de deux mille ans en l'honneur d'un certain Jules César ? Le même exactement que dans les aventures d'Astérix le gaulois. Le titre de gloire de cet empereur romain ? Celui d'avoir été le zélé écrivain-reporter et le brillant vainqueur de cette guerre des Gaules que nous avons perdue.
Alors, comment ne pas sourire quand nous avons choisi, en plein milieu de ce mois impérial colonisateur, le 14 juillet 1789 comme le symbole de la révolution donnant, pour la première fois, le pouvoir au peuple en le retirant à ses souverains de droit divin ?
Jusque là, sous nos cieux, aucune discussion n'était possible, il ne pouvait exister qu'un seul pouvoir, celui de notre Dieu créateur dont la volonté et la parole ne pouvait passer que par l'intermédiaire d'un clergé omniprésent.
La volonté populaire aurait pris la place de la volonté divine ? Le message est dur, la pilule pas franchement facile à avaler pour la plus grande partie des sujets appelés à devenir les nouveaux citoyens.
Quand on constate un peu partout une volonté de rejeter cette démocratie dite «occidentale» par des formes ancestrales de théocratie inspirées d'un certain «Islam», une question devient inévitable.
Quelles sont les racines de notre démocratie ? D'où avons-nous tiré nos valeurs fondatrices, le fameux liberté-égalité-fraternité pour simplifier à l'excès ?
Évoquer de simples causalités historiques comme les abus de régimes essouflés, ou des raisons économiques, est insuffisant. Il a fallu une grande énergie à quelques esprits pour penser autrement notre monde et les relations entre les humains. C'est à la recherche de cette énergie, et à ses racines, qu'il convient de s'élancer.
Ce n'est qu'en la comprenant enfin, sans se mettre aucune oeillère intellectuelle, qu'il devient possible de se mesurer autrement que par la force des armes avec les gens qui prétendent imposer au monde entier ce que leur coutume a laissé vivant dans leur esprit.
Tout le reste - qui occupe si fort les médias - n'est que gesticulation politique ou manipulation économique, qui ne peut qu'exacerber encore plus dangereusement des extrémismes meurtriers.
Os court :
« La démocratie, ce curieux abus de la statistique. »
José Luis Borges