Voltaire termine son Candide sur cette injonction sybilline pour des lycéens urbains : « ... mais il faut cultiver notre jardin». Quand de grandes manoeuvres politico-diplomatiques se mettent en place avec l'objectif de sauver la planète des conséquences du réchauffement climatique favorisé par nos activités, la question de l'écologie, de la conscience écologique plus exactement, se révèle d'une actualité... brûlante.
En vérité, les soignants, médecins en tête, sans doute trop marqués par le blanc de leur blouse, ne donnent pas la preuve de leur tropisme pour la verte écologie. Les sciences, chimie en tête avec le légendaire Pasteur, ont marqué au fer rouge nos façons de percevoir le vivant, et d'intervenir pour tenter de redresser ses déviations pathologiques. Dieu sait si cette pauvre médecine a été affublée, ces dernières années, de qualificatifs destinés à singulariser tel ou tel de ses aspects particuliers. Nous n'avons pas vu fleurir de proposition d'une médecine écologique, en dehors de quelques cercles militants confidentiels.
Penser la santé de chaque homme comme une conséquence du fonctionnement de toute la biosphère demeure un exercice intellectuel pour le moins inhabituel. L'antique enseignement ( faire de l'alimentation notre premier remède) attribué à Hippocrate demeure lettre morte face aux puissantes industries chimico-agro-alimentaires. À la décharge du corps médical, la masse des connaissances jugées nécessaires au traitement des seules maladies répertoriées est telle que le temps d'une vie étudiante puis professionnelle est trop court pour aller plus loin. Est-ce suffisant pour juger que l'intérêt médical pour l'écologie est hors sujet ? La progression des pathologies directement liées à nos façons d'exploiter la nature sans autre motivation qu'économique nous contraint chaque jour d'avantage à sortir de notre inertie aveugle de nantis de la planète. Et, changement climatique ou non, désertification de la planète ou pas, ce n'est qu'un début.
Il est plus que temps que la pensée médicale fasse l'effort de se démédicaliser pour cesser d'être l'auxiliaire de fait du gigantesque suicide collectif de notre espèce Homo Sapiens qui est en cours. Sapiens, celui qui sait. Cela reste à prouver dans les faits et les façons de vie pour chacun d'entre nous.
Os court :
« Une croissance indéfinie est impossible, nous n'avons qu'une seule Terre, mais une civilisation du bonheur est possible. Les solutions existent, mais l'opinon les ignore car les structures actuelles et les détenteurs du pouvoir économique et politique s'y opposent. »
René Dumont, agronome, 1904-2001