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Tous ceux qui ont connu ( et fichtrement apprécié comme moi ) les « Radioscopie » radiophoniques quotidiennes de Jacques Chancel, se souviennent d'une gentille mise en boîte de ses critiques. Le talentueux et perspicace journaliste, cherchant toujours à creuser aussi loin que possible les pensées de son invité du jour aurait été censé avoir une sorte de formule passe-partout. Le fameux : « Et Dieu, dans tout cela ? ». En réalité, selon l'auteur en question, ce serait une légende, mais l'idée même est d'une troublante actualité.
N'y allons pas par quatre chemins : Dieu est au coeur de ce qui est en jeu dans la guerre d'un type nouveau que nous vivons en ce moment.
Dieu est utilisé par ceux qui se disent nos ennemis comme un bélier auquel rien ni personne ne peut résister. Du moins selon leur interprétation de ce qu'ils ont cru comprendre de l'enseignement coranique. Autant le dire franchement, cette idée d'un Dieu des batailles, cherchant à faire rentrer dans le rang du nouveau califat la plus puissante partie de l'humanité qu'il a créé et qui lui a désobéi, nous semble tellement archaïque que nous sommes incapables de la prendre au sérieux, et même d'y réfléchir. Cette négligence dédaigneuse de notre part ne fait qu'attiser la haine contre les croisés que nous sommes, bien malgré nous.
Le mélange inextricable entre les églises et les pouvoirs des nations, royaumes et empires, nous en connaissons douloureusement les débordements sanglants au fil de l'histoire des peuples. Il n'y pas beaucoup plus d'un siècle qu'en France, nous avons franchi le pas décisif de la séparation des églises et de l'Etat, nous qui avions connu si longtemps la domination absolue des pouvoirs ecclésiatiques et l'onction sacrée de nos rois, les rendant de droit divin.
Tiens, justement, c'est à Saint-Denis où les rois de France étaient sacrés au nom de Dieu, que nos tueurs se sont retranchés. Attention, ils ne font rien au hasard, le symbolisme leur est bien plus familier qu'à nous. Même s'ils ne le comprennent pas !
Nous voici, une fois de plus, ramenés à la question des religions. Les religions, le mot est clair, c'est ce qui relie. S'il s'agit de relier les hommes les uns aux autres, la moindre investigation historique est sans appel possible. Toute religion, crée par des esprits remarquables voyant plus loin et plus large que leurs contemporains ( Moïse, Bouddha, Jésus, Mahomet, Luther, et par ordre chronologique, entre autres) s'est construite sur les ruines de celles qui l'ont précédée. Chacune se veut définitive, alors que comme tout système vivant, elle ne peut connaître que vie, croissance et mort. Reconnaître cette réalité systémique,quasi biologique, et aucunement blasphématoire, serait un progrès formidable des esprits.
De plus, et comme c'est humain, chaque religion ne peut se penser elle-même que comme supérieure à toutes les autres. Autrement dit, détentrice de la seule et ultime vérité sur ce qui est au delà du visible, en un mot, le divin qui fait fuir les sciences.
Confondre les religions en tant qu'institutions humaines temporaires et la notion même de Dieu est une impasse de l'esprit. S'il existe un Dieu (la question est hors sujet dans ce propos), il est devenu difficile en notre vingt et unième siècle culturellement mondialisé d'accepter qu'il soit considéré comme la propriété exclusive et définitive d'un groupe ou d'une époque historique.
Alors, pour oser une réponse à la question un peu provocatrice qui sert de titre à cette lettre : Et Dieu, dans tout ça ?
Et bien, il n'a strictement rien à voir.
Cliché Exmed
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Os court :
« Le nom de Dieu a trop servi. »
René Barjavel
