Je suis maître de moi comme de l'univers,
Nous dit maître Corneille avec… d'Auguste vers.
Est-ce à mettre en exergue ou bien tout à la fin ?
Car mettre ou ne pas mettre est débat cornélien.
En ces temps très techniques où le mettre-étalon
N'est plus que longueur d'onde issue du gaz krypton,
Il faut mettre aux poubelles un platine iridié,
Qui enchanta pourtant nos cahiers d'écolier.
Premier mètre, ou second, ou mètre d'équipage,
La marine est visée dans tous ces mesurages.
Par les airs du valet, on peut juger du maître ;
Mais le maître d'hôtel doit pourtant se soumettre,
Aux ordres du patron qui est maître des lieux !
Là il trouve son maître ; ainsi le mettre queux.
Qu'il soit maître nageur, maître-chien, quartier-mètre,
Celui qui frappe un chien vise toujours son maître.
Si puissant que l'on soit, on a toujours un maître.
Il en est un commun, sur la terre, à tout être :
Car ce maître est le temps ; mais il tue ses élèves !
Faut-il donc tuer le temps ? C'est le plus vieux des rêves !
Plus personne n'écoute une Voix de son Mètre,
Que le siècle dernier, joliment, a vu naître.
Son maître, il l'a trouvé, ce touchant petit chien ;
Chronomaître est le Dieu qui l'a réduit à rien.
Maître de son destin, c'est la vraie quête humaine ;
Combien de gigamètres au chemin qui y mène ?
Le mètre de balai n'est pas maître de danse ;
Avec le mètre d'œuvre, on change de cadence !
Coups de mètre on mesure à l'aune des longueurs,
Mais en maîtres carrés on manque de hauteur.
Ces mètres de maison n'ont pas beaucoup de classe,
Et resteront toujours en petites surfaces.
Où tout le monde est maître, tout le monde est esclave ;
Mettre une différence est nécessaire entrave.
A se mettre hors de soi, il faut vite y rentrer,
Et pas un millimaître oublier de ranger.
Il n'y a qu'en soi-même où mettre son espoir ;
Le mettre sur les autres est bien aléatoire.
Mettre en route est aisé : mettre fin difficile ;
Mettre du noir sur blanc ne donne pas le style !
Faute de s'élever à la hauteur du maître,
Ses disciples voudront à leur niveau le mettre.
Car apprendre les vices aucun maître n'exige ;
Tous les défauts qu'il peut, l'homme se les inflige.
Celui maître du monde est-il maître de soi ?
En mettre au feu sa main, n'est qu'affaire de foi.
Je suis maître de moi comme de l'univers ?
Auguste avait-il tort ? Restons sur ce mystère …
|