Savoir la force du vouloir


    3 janvier 2016
Docteur François-Marie Michaut

 lui répondre

L'avalanche annuelle des voeux rituels de changement de millésime, le plus souvent de la part de gens pour qui vous n'existez pas en tant qu'être humain, a quelque chose d'agaçant. Faut-il pour autant balancer aux ordures ces débordements de mièvrerie convenue comme dénués de toute valeur ?

Déjà ne pas oublier que même si le calendrier occidental, dit grégorien, directement emprunté à celui de l'église catholique depuis 1582 ( donc seulement 163 ans), est devenu la référence internationale, il est loin d'être le seul. Chaque grande culture a son propre début de l'année, et sa façon de compter les dates. Pour les musulmans, les chinois, les juifs, les hindous, les japonais ou les amérindiens (entre beaucoup d'autres) la date de la nouvelle année varie. Faire du basculement, à la seconde près, vers un nouveau millésime ( quand ce ne fut pas naguère vers un nouveau millénaire) un évènement planétaire est une gentille tromperie médiatique par omission. Pas de quoi fouetter un chat.

Cette coutume des voeux a un mérite rarement souligné. Celui de l'importance des paroles, comme si elles étaient capables de déterminer l'avenir des autres. La malédiction, au 18ème siècle, était encore une notion redoutable et redoutée. Que le mal tombe sur toi qui m'a offensé. Bigre, ça craint. Chacun peut se rassurer en se disant qu'il y avait (a) en face les bénédictions assaisonnées de force prières et gestes rituels.
Mais, pour nous qui avons été élevés dans la croyance rationaliste implicite, confortée par les sciences jusqu'à ces dernières années, que tous les évènements sont déterminés par l'évolution darwinienne et le hasard, c'est devenu incompréhensible. En un mot illogique, voire magique. Péché impardonnable contre l'esprit occidental du moment.

Comme probablement beaucoup de confrères, j'ai été surpris par la survenue régulière d'études cliniques réalisées aux Etats-Unis cherchant à mesurer l'influence sur les maladies des prières. Prières des malades eux-mêmes selon leur croyance, pourquoi pas. Lourdes est bien Lourdes et les guérisons médicalement inexpliquées y ont leur bureau indépendant. Ce qui est plus surprenant, c'est l'étude de l'éfficacité thérapeutique des prières effectuées, avec ou sans le malade, par les médecins et les infirmiers. Peu importent les résultats de ces recherches, assez peu répandues. , nous en saurons plus un jour.

   Ce qui me frappe, c'est que la notion même d'intention ( vouloir que quelque chose se produise dans le futur) rejoint des travaux de physiciens de pointe sur le temps exposés ici-même. C'est la théorie de la double causalité soutenue par Philippe Guillemant. J'en parlais déjà sur ce site il ya un an.
Le cerveau humain, capable de faire en sorte que se réalisent une ou l'autre des virtualités déjà présentes pour « créer » du moins en partie ou réaliser notre futur, l'idée est enthousiasmante. Belle réponse au traditionnel : le monde a toujours été comme ça, les humains ne sont pas capables de changer, on n'y peut rien, alors les autres, j'mens fous, moi j'me débrouille. La révolution culturelle que cela représente n'est pas encore sensible. Mais les plaques tectoniques avant de se chevaucher brutalement, ou les avalanches en montagne ne nous envoient pas de messages préventifs non plus.

Tout ceci peut sembler bien théorique pour ceux qui s'intéressent à la santé. Mais, se soulève alors la question de l'intention à la fois du soignant et du soigné quand la maladie frappe à la porte de la vie.
L'intention de guérir n'est pas une aimable fantaisie pour des esprits crédules. Sans savoir encore quel en est le mode de fonctionnement,il est possible d'en mesurer l'activité pharmacologique par comparaison avec les remèdes en usage. C'est le fameux effet placebo trop souvent caricaturé sous l'image très insuffisante de faux médicament.

Alors, juste un pt'it voeu en prenant la route de 2016. Ouvrons sans peur nos esprits à des modes de penser non dominants et ne les bridons pas par la crainte - bien humaine - du pas encore connu.

 


                                                                    (Cliché Jipé)




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Os court :
« Craignez, seigneur, craignez que le ciel rigoureux
   Ne vous haïsse assez pour exaucer vos voeux ! »

                                  Jean Racine

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