Jargomania
Bien evidemment
On y pratique l’élevage
des dindes et des oies.
Ses paons sont renommés, ses ânes y font la loi.
Je reviens d’un pays nommé « Verbaquisthan
»,
Qui partage sa frontière, sa langue, ses habitants,
Avec l’immensité du « Prétentiosisthan
»,
Lui-même peu éloigné du « Ridiculisthan
».
Là, coule le fleuve sacré, le grand «
O’Charabia »,
Entre les monts Pathos et du Galimatias.
C’est lui qui prend sa source en pays d'Absurdie,
Et qui, par maints détours, se jette dans l’Ineptie
Bien que j’y sois resté vraiment fort peu de
temps,
Vous verrez : malgré moi, j’en ai gardé
l’accent.
En fait, vous savez quoi,
c’est vrai que j’étais
cool :
J’y allais en vacances, c’est
trop classe, loin d’la foule.
Etienne m’explicitait :
vas-y ; quelquepart,
c’est super.
Je veux dire, pour ton stress, voilà,
l’air de la mer…
Quand, bon, c’est, si tendance,
ça vous booste la cuti
Car, bien évidemment, ça bouge les lignes,
pardi !
- Tout à fait, lui ai-je dit, quelque
part, c’est trop top ;
Affirmatif, j’y vais ; c’est
juste mon horoscope !
Je suis quelqu’un
d’entier ; l’intéractif, j’aime pas,
Un émotionné grave, voilà,
un mec qu’en
a.
La France d’en haut, tu vois, j’ai
envie d’dire : ça va !
Question songes récurrents,
je rêve d’hypermedias.
J’suis à côté
d’la plaque, c’est
clair, un mal-voyant.
Mais ma problématique, voilà,
c’est renversant,
Car, au jour d’aujourd’hui,
en fin de compte, en tout cas.
Mon navigationnel, je veux dire,
ne marche pas !
C’est vrai que au delà,
bon, en alternatif ,
Je n’ai guère que du soft
et rien de causatif.
.
Moi qui suis un mec «
in », bon, voilà, un super,
Je suis ennuyé grave, surtout
question repères,
Car tous ces paradigmes, comment dirais-je,
me fâchent.
En restant hyper-cool, bon,
un brusque hyper-flash,
Pourrait, c’est clair, voilà,
clôturer ces effrois …
Pour en fin de compte, tu vois, optimiser
ces voies ?
En diarrhées verbales,
mon savoir cognitif,
Pour l’équilibration, du
« moi » est complétif.
Quelque part, ces
vacances, à mon boss, posent problème,
Puisque sur RTT, voilà, sont,
bon, sans perm.
Et qu’à partir de là,
j’hallucine, c’est trop beau !
C’est qu’au niveau
des goûts, j’ai horreur des
bobos.
Les paysages, voilà, là-bas,
sont nuls-à-chier.
Alors qu’on m’avait dit :vous allez
A-DO-RER.
Ce s’ra que
du bonheur, des sites
incontournables !
Excusez-moi, c’est clair, j’ai
envie d’dire : pas fiables !
Disons que, bon, voilà,
c’est vraiment trop débile,
Alors, je vous dis pas, quelque part,
je ventile.
En terme de contenu, bon,
c’est du séquentiel,
Car pour le ressenti, voilà,
c’est trop factuel.
Il me faut revenir aux vrais fondamentaux,
Mais sous aucun prétexte,
aux stimulis bucaux.
Si le buzz est tendance,
même en étant ubuesque,
Vous aurez du feedback, un succès
googlesque
Toute zone de chalandise, n’est
pas forcément hype,
Aux meilleurs turnovers, pas tous
les leaderships !
Y’a pas photo, en fait, c’est
le deal, je veux dire,
Fermons la parenthèse : la logorrhée,
c’est pire
Au niveau du vécu, c’est
juste ma thématique,
Je sens qu’ça va pas l’faire
: c’est trop automatique.
Tout ça me prend la tête
: je me bouge pas assez ;
Cette liste non exhaustive est
enjeu d’société
.
Il n’est pas nécessaire d’êtr’
grand lexicologue,
Pour pleurer sur les tics de ce beau catalogue.
Etienne, bon, m’avait dit, quelque
part, t'es pas chiche
Je lui ai répondu on ne prête
qu’aux bourriches.
Mais ma tête rétrécit, qui tourne au vieux
pois-chiche.
J’ai la fourche qui langue et la langue pas fortiche.
Si je compte toutes ces pailles dans les yeux des voisins,
C’est pour mieux camoufler toutes les poutres des miens.
Il me faut consulter : vite un jargonologue,
Dit mon médecin traitant qui est bon psychologue.
Etienne pencherait plutôt pour un sabirologue
Dont les thérapeutiques sont loin d’être
analogues.
Quant à moi, je m’demande si un gérontologue
…
Bon, voilà, je veux dire … ce s’ra mon
épilogue.
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Jacques Grieu
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