Ce petit bout-rimé qui vous parle de riches
Traduit l'actualité dont ce mot n'est pas chiche.
Après les riches leurres du bon Duc de Bercy,
De nos fins politiques on a appris ceci :
Bonne foi de fraudeur est dans son coffre fort,
La dissimulation est son confiteor.
La fortune est aveugle et la richesse louche,
Et leurs yeux bien souvent sont plus grands que leurs bouches.
Vouloir faire fortune est un grave délit :
C'est notre président qui l'a dit et redit.
Alors, si par malheur, vous êtes millionnaire,
Il vaut mieux s'en cacher, prendre garde et se taire
Ou partir s'exiler sous des cieux accueillants,
Où vos deniers honnis seront moins malséants.
Le riche est donc coupable et il faut l'appauvrir,
Les taxes et les impôts sont là pour le punir.
Sur tous ces grands principes, on peut toujours gloser,
Prôner l'égalité et la révolte, oser.
Car aide-t-on le pauvre en ruinant le très riche ?
Ses restes délabrés retournent en simple friche !
Si pour devenir riche, il faut beaucoup suer,
Limiter le travail fait des pauvres blasés.
Mensonge est-il vertu quand on croit que c'est bien,
Et un horrible vice où il échoue d'un rien ?
La France : un pays riche aux pauvres bien cachés ?
Le pauvre est-il un riche ayant trop mal marché ?
Pourquoi la transparence aurait-elle des appâts :
La fraude au naturel, ne se déclare pas.
De la Garde des Sceaux, la couleur des culottes,
Est sans doute un remède aux lois qui seraient sottes ?
Pour tel ou tel ministre, le prix de ses chemises,
Donne l'explication de toutes ses bêtises ?
Si toute mandature exige pauvreté,
La bonne politique est-elle art de rater ?
La roue de la fortune a des rayons fragiles.
Et à trop la freiner, on la pousse à l'exil.
Chacun est l'artisan de sa bonne fortune,
Et la faire en dormant n'est qu'une vieille lune.
La fortune, dit-on sourit aux audacieux :
Pays de timorés est donc pays heureux !
(Photo Stella da Silva) |