Tous nos spécialistes des chiffres semblent
daccord sur un point. Plus nos jeunes gens peuvent
se prévaloir dun itinéraire scolaire
de bon niveau, plus grande est leur chance de trouver
un emploi. Toutes choses dans les handicaps habituels
à lembauche étant égales,
par ailleurs. Que navons-nous entendu à
en devenir sourds ce slogan, sous forme dinvocation
quasi magique : Formation, formation, formation ! La
question cependant reste entière, pour ne pas
dire incongrue : se former certes, mais à quoi
et surtout pourquoi ?
La grande machine de lenseignement happe nos tout
petits afin de les brasser en tout sens pour ne les
laisser échapper quà regret bien
après la fin de leur croissance physique. Telle
une machine automatisée, elle ne semble obéir
quaux programmes concoctés dans le secret
dun laboratoire puis exécutés par
les exécutants de terrain. Certes, fidèles
à une antique tradition, nous subissons à
lécole lacquisition dun grand
nombre de connaissances livresques réparties
en matières. En vérité,
quelle chance nous avons de pouvoir en un temps si bref
nous initier à ce que lhumanité
mit tant et tant de siècles à découvrir
laborieusement ! Que de temps gagné pour chacun
de nous ! Mais, une fois encore, pourquoi ? Juste pour
accumuler comme un collectionneur les connaissances
des autres ? Cest bien peu attrayant.
Alors, si vous voulez bien, inversons les choses. Au
lieu de laisser la parole aux responsables de nos sociétés,
prenons la question du côté des enfants.
Si nous prenions la peine de lobserver en silence,
chaque enfant, quelles que soient ses capacités,
aime faire certaines choses. Ladulte qui le constate
a le plus grand mal à ne pas porter un jugement.
Comment, ce que tu aimes avant tout, cest
jouer au ballon avec tes camarades ? Pense donc dabord
à bien travailler à lécole
. Et voilà sapée la confiance que
le petit peut avoir en la valeur de son jugement personnel
sur ce qui est important pour lui. Pourquoi ne pas cultiver
une autre attitude ? Je suis content de voir
que tu aimes le foot. Alors, vas-y, fais le mieux que
tu le peux dans cette voie. Documente-toi au mieux là
dessus, rencontre des gens qui en savent plus que toi
là-dedans, pose-leur toutes les questions qui
te viennent à lesprit, demande-leur comment
réussir au mieux dans cette activité.
Peut-être découvriras-tu ainsi que cest
finalement autre chose que tu as vraiment envie de faire.
Tu vois que tu nas aucune crainte déchec
à avoir, jai confiance en toi, fais-toi
toujours confiance dans tes choix .
Sagit-il là dune attitude dune
complaisance excessive de la part dun adulte sil
se risquait à agir ainsi ? La question mérite
dêtre examinée de près. Chacun
de nous, adulte, se souvient probablement davoir
subi le poids de la pression de ceux qui ont voulu nous
imposer leur volonté à eux pour orienter
notre vie personnelle. Nous nous souvenons très
bien combien nous avons souffert de nous contraindre
à devenir qui nous devions être à
leurs yeux. Ou des efforts épuisants que nous
avons accompli pour échapper à leur manipulation.
Car, finalement nous sommes restés fondamentalement
les mêmes que quand nous étions petits.
Voilà où nous pourrions en arriver dans
notre perception des choses si nous acceptions vraiment
de restaurer notre conscience, au lieu dobéir
à des slogans idéologiques, sociaux, politiques,
philosophiques ou religieux qui nous sont extérieurs.
Oui, favoriser le commencement de tout apprentissage
humain par ce que lon aime nest-il pas la
seule méthode pour ne pas nous éteindre
avant même davoir vécu ? Ces foules
de jeunes, fréquentant de ruineuses écoles,
qui ne savent pas ce quils aimeraient faire, quels
adultes cela peut-il donner ? Des humains bien dans
leur peau et dans leur tête ou des citoyens robotisés
cherchant en permanence à fuir leur vide intérieur,
au besoin dans la maladie. La pression constante de
tous ceux qui exercent un pouvoir fait que cest
la deuxième solution qui triomphe, pour notre
plus grand malheur personnel.
Comme lorganisation actuelle de notre vie sociale
fait que cest en milieu scolaire que nous vivons
le plus longtemps avec des adultes, cest là
où nous devrions être le plus exigeants.
Car cest à lécole, au milieu
de ceux qui ont notre âge, et en contact direct
avec les personnes chargées par la société
de notre éducation que se trouve le seul lieu
où il nous soit possible de renforcer notre compétence.
Oui, je dis bien la renforcer, pas la créer de
toutes pièces, pas limposer au nom de tel
ou tel principe collectif camouflé sous létiquette
trompeuse de la pédagogie. Lembryon de
notre compétence personnelle a jailli dans la
famille, dans la rue, nimporte où, vraiment
cela ne compte pas. Cette étincelle, cest
elle quil faut tout faire pour quelle ne
séteigne pas. Comment ? Certainement pas
par des discours. Nos oreilles juvéniles, rappelons-nous,
ont une telle facilité pour ne pas entendre ce
qui nous ennuie ou ne sonne pas juste. Peu importe que
les adultes chargés de lenseignement disposent
de telle ou telle qualité, ou au contraire soient
atteints de tel ou tel défaut. Pas plus que tout
autre humain, pas plus que tout parent, ils ne peuvent
être des gens parfaits. Il nest pas raisonnable
de leur demander de se comporter comme des modèles
à imiter. Alors quattendons-nous donc de
nos enseignants ? Quelque chose de tellement simple
quon semble loublier. Tout simplement quils
aiment la discipline quils enseignent. Si un professeur
dhistoire aime vraiment lhistoire, ou un
instituteur lorthographe ou le calcul, ses élèves
immédiatement le perçoivent. Comment ?
Parce quil va transmettre tout naturellement son
amour, sans effort et sans violence. Il aime alors en
vérité ses élèves, il les
respecte. Les enfants sentent fort bien si cest
authentique, et là, leur respect se créée
naturellement. Un peu plus tard, au cours de nos études
supérieures, les seuls professeurs qui nous ont
laissé une empreinte durable, et quel que soit
notre intérêt personnel pour leur discipline,
ont été ceux qui aimaient vraiment le
métier quils faisaient. Aimer,aimer quoi
que ce soit, il ny a pas dénergie
plus contagieuse. Il ny a pas dénergie
plus irremplaçable.
A linverse les foules innombrables de ceux qui
se sont orientés, ou pire encore ont été
orientés de force par le niveau de leurs performances
cognitives, vers les études réputées
les plus prestigieuses, les plus sûres pour obtenir
un emploi à vie ou qui rapporte le plus dargent
, dhonneurs, de pouvoir sont condamnées
au terrible sort de morts vivants. Une vie qui na
pas de sens, un travail qui est un fardeau permanent
: quel programme de non vie. Malheureux eux-mêmes,
ils ne peuvent semer que le malheur et la destruction
autour deux. Avec une fois encore toutes les répercutions
sur la santé de la société comme
de tous ses membres que cela génère obligatoirement,
ce qui ne nous laisse pas du tout indifférents
sur ce site.
NDLR : Comme l'Internet est le moyen idéal
pour le faire, il ne faut vraiment pas s'en priver,
ami lecteur. Si ce texte vous touche, vous plaît,
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