Une affaire
qui fait couler de l'encre. Dans la nuit du 20
août dernier, le navire pétrolier «
Probo Koala » affrété par deux dirigeants
français de Trafigura, en infraction au code
de l'environnement, a déversé une funeste
cargaison de plus de 400 tonnes de boues de déchets
pétroliers dans plusieurs décharges
publiques d'Abidjan.
Ce scandale écologique et sanitaire a coûté
jusqu'à ce jour la vie à 7 personnes,
dont une fillette de 9 ans morte de détresse
respiratoire, et une autre de 4 ans morte en réanimation.
66 personnes ont du être hospitalisées.
Plus de 40 000 personnes sont venues consulter dans
les 32 structures sanitaires chargées de
gérer la crise des déchets toxiques et
qui ne désemplissent pas. 9000 personnes ont
déjà été affectées
par les eaux usée. L'ONU a fourni une première
aide de 38 000 €uros (25 millions de CFA) pour
équiper en médicaments les structures.
Soit
1187 euros par structure, ce qui laisse rêveur.
Les victimes se plaignent en général de
maux de ventre, de tête , de vomissements,
d'éruptions cutanées, de diarrhées,
de saignements et de rhume. Le ministère ivoirien
de la santé enjoint à la population de
ne pas céder à la psychose. Difficile
quand l'air est irrespirable et pestilentiel. La population
est « à bout de nerfs ». La pêche
a été interdite, tout comme la vente de
fruits et de légumes qui poussent dans les décharges
et qui constituent des revenus pour certains riverains.
Ces boues pétrolières sont hautement
toxiques et cancérigènes pour l'homme. Il
s'agit d'hydrogène sulfuré, de composés
soufrés, et de soude caustique. Sur le plan sanitaire,
l'hydrogène sulfuré peut provoquer des
irritations des muqueuses et voies respiratoires jusqu'à
la mort par empoisonnement du sang, en passant par des
nausées et des vertiges. La nocivité est
très forte sur le plan écologique si ces
toxiques atteignent les nappes phréatiques et
le milieu marin. Certains polluants pourraient persister
dans l'environnement et perturber la chaîne alimentaire.
Les opérations de décontamination par
la société française ont débuté
le 19 septembre. Les opérations consistent à
pomper les déchets, à les isoler dans
des cuves puis dans des containers qui seront
expédiés dans des usines de traitement
spécialisées en France ou en Europe du
Nord. « L'incertitude sur la durée -sept
semaines probablement- et sur le coût de la décontamination
résulte des inconnues qui continuent de peser
sur le nombre de sites, sur l'ampleur réelle
des dégâts à l'environnement, mais
aussi sur la composition précise des déchets
» rapporte le Monde.fr du 21 septembre.
Pour
le réalisateur ivoirien Usher, le scandale était
prévisible. Sans complaisance, il décrypte
pour nous la politique environnementale de son pays.
Salut les amis de la médecine
« Ne me parlez plus de déchets toxiques
». Ils ont été accepté et
planifié par le district dAbidjan. Il y
a un peu moins dun mois, le district dAbidjan
passait un communiqué télévisé
pour informer la population que la ville dAbidjan
allait être pulvérisée contre
les moustiques. Et elle ajoutait que les éventuelles
odeurs dinsecticides étaient sans danger
pour la santé. Figurez vous que cette opération
na jamais eu lieu mais en lieu et place cest
lodeur des déchets toxiques qui nous a
envahi. Le district ne connaissait probablement pas
la toxicité des déchets, et
a voulu rassurer la population sur cette odeur. Malheureusement,
cest plus grave que prévu. La société
Tomi qui sest occupée des déchets
appartiendrait en réalité à la
première dame du pays. Est ce vrai ? Mais le
constat est que le gouvernement, je veux
dire le Président et son premier ministre tergiversent. Tous
les présumés fautifs sont encore
libres comme l'air. Aussi étonnant que
cela paraisse, les prétendus bouillants
patriotes restent muets comme des carpes. Eux qui ne
ratent jamais aucune occasion pour se faire entendre
et voir « se sont curieusement terrés
»: pas de déclaration, pas de marche, pas
de sit-in. S'il s'était agit de lONU ou
dune autre organisation déclarant que lun
des cinq leaders politiques ne serait pas candidat,
ils auraient fait une journée ville morte. Je
pense que les principaux financiers de ces « Marcheurs
Politiques » sont impliqués jusquau
cou, et cela explique leur mutisme.
Les
déchets toxiques sont devenus au fil des
jours une affaire politique. Notre président
s'en est saisi par propagande et pour régler
des comptes. Quant à l'opposition, elle applaudit
et voit en cela une occasion de faire plonger
le président.
Voyez vous, ils palabrent autour des malades. Le
Premier Ministre a dit en grande pompe qu'il y avait
des médicaments pour tous. C'est faux. Si vous
avez la chance, vous aurez une tablette de paracétamol.
La majorité des personnes qui sont allées
consulter dans les structures sanitaires ont du acheter
elles mêmes leurs médicaments.
Les fauteurs qui ont autorisé le déchargement
des boues toxiques ont empoché les 17 milliards
promis pour cette sale besogne.
Tous les hauts responsables plaident « non
coupable ». Devant les députés,
ils crient: « Nous sommes innocents ».
Le Probo koala serait venu tout seul et serait
reparti tout seul. Par magie, les déchets
se sont déplacés tout seuls et ont atterri
comme ça sur les sites.
Il faut reconnaître que nous vivons dans «
un pays de saleté ». Le mot nest
pas trop fort. Saleté environnementale mais surtout
« Saleté morale ». Le mot éthique
na aucun sens pour beaucoup d'entre nous. Un monde
à lenvers. Et tout cela au nez et à
la barbe des dirigeants quand ils ny contribuent
pas eux même. La sagesse nhabite pas nos
dirigeants. Cest bien dans ce contexte là
que je situe le scandale des déchets toxiques
qui fait la Une chez nous. Les maires sont élus
tous les cinq ans pour tenir notre environnement propre.
Malgré cela, la ville dAbidjan reste toujours
sale. Ce qui offre un cadre propice aux vidanges de
toutes sortes, des déchets étrangers
à ceux qui sont toxiques. Mais au delà
de lenvironnement se profile aisément le
manque de civisme, déthique pour faire
place à une forte cupidité qui nous met
sur la liste des pays les plus corrompus. Croyez moi,
jen ai honte et cest parfois difficile de
vivre au milieu de ces politiciens véreux qui
ne pensent « quà se remplir les poches». Je
pense quil faut sévir avec la plus grande
fermeté car la part est trop belle
à limpunité. Ensuite prendre des
résolutions fermes et sanctionner dès
que « quelqu'un jette un papier de bonbon par
terre ». À mon sens, c'est capital car
aujourdhui, encore il nest point surprenant
de voir des individus se soulager en pleine rue. Notre
société sest complètement
déshumanisée. Il faut renforcer léducation
civique à lécole, létendre
jusquau supérieur, éduquer la population
en faisant passer des spots à la télé.
Quant à la pollution cest dans la
même veine. Les 80% des taxis sont des pollueurs
mais on na jamais compris comment et pourquoi
ils réussissent à avoir le permis technique
qui leur permet de circuler. Hé oui, cest
ça lAfrique. La corruption à tous
les niveaux
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