xLLLLLa nuit approche et je ne pas veux envahir vos écrans de noir.
Mais, tant qu’on y est, entre des histoires de pères et de mères cherchant des sonnettes de lits d’hôpitaux débranchées par des mains inhumaines, je veux vous raconter une ou deux choses.
xLLLDisons que vous faites ainsi du tourisme émotionnel. Le Portugal , un pays pauvre qui a cru être riche pendant quelques années vient de retomber dans la réalité. On a construit des centres commerciaux, des stades de football, des autoroutes avec l’argent de l Europe. Certains ont rempli leur portefeuille, et maintenant , voilà que la poule aux œufs d’or est morte.
Maintenant on est dans la dèche. Mais la vérité, c’est que par rapport à la santé, ça n’avait pas beaucoup changé pendant le temps des vaches grasses. Disons que ici, si on a du fric, on a de la santé.
Fastoche ! Même le ministre de la santé l’a dit, j’ai entendu cette petite histoire.
Mon père ,74 ans , est en état de coma à l hôpital.
Coma irréversible d’après ce qu'on me dit
Les jours s’écoulent.
Il est toujours là. Enfin, je veux dire, il n’est pas mort, et on me dit de rien espérer sauf la nouvelle du décès.
xLLLAlors j arrive un matin et on me dit, l'air guilleret :
<< On va lui couper ses jambes>>.
J’ essaye de comprendre.
J’y arrive avec l’aide d'un bon (BON/bonté) médecin.
L’explication, je vous la livre :
Le service de chirurgie orthopédique avait besoin d’opérer sur des vivants car le chiffre obtenu n’était pas en accord avec les objectifs prévus. Alors, on cherchait á l hôpital des malades mourants pour pouvoir se faire la main et obtenir ainsi le chiffre magique prescrit.
J’ai dit non á l’opération.
On me répond alors que, dans ce cas, mon père doit rentrer chez lui.
Je ne sais pas quoi faire, sauf pleurer éperdument
En plus mon père, dans sa jeunesse, avait été cycliste presque professionnel et cela me semblait une bien mauvaise blague qu’il s’en aille sans ses jambes.
Je rentre dans un café et j’essaye de ne pas trop boire... Le téléphone sonne - Mon père était mort ! Voilà que tout finit bien.
Comme disent les Belges : << ça leur apprendra, tiens >>
xLLLDeuxième histoire.
Mon fils de vingt ans se fait écraser par une voiture.
Cassé de tous les côtês, il resta à l hôpital un mois et demi.
Gros problème -ses dents et ses mâchoires ont étés fracturés. Alors, il ne peut manger que des trucs sucés par une paille.
Mais... il n y a pas moyen d’avoir cette sorte de nourriture à l hôpital : le steak ou rien. Enfin il y avait quand même un peu de soupe.
Mon fils ayant faim, je me fais mettre en congé maladie et je passe mes journées a l hôpital , ramenant avec moi des aliments mixés, de façon à qu’il puisse manger. Et cela pendant un mois.
A la fin, j ‘ai offert un mixer au service
Note pour rire ou pour pleurer. A coté, il y avait un jeune qui avait cassé ses deux bras. On lui mettait le plateau en face de lui, et on partait
Tantale vous voyez ? Quelques heures après, s’il avait des visites, il arrivait à manger. Bref, comme j’y étais, je lui donnais á manger tant que c'était chaud.
Ce ne sont que des petites histoires de rien du tout, arrivées à des gens qui ont quand même un peu d argent pour se faire soigner.
Les autres ici... bon débarras.
La nuit est presque là et moi je pars.
Je n’écris que la journée, comme Cendrillon, la nuit, je pars au bal.
(1) Stella Gaspar da Silva est professeur et bibliothécaire à l’université des sciences de l’éducation de Lisbonne.
Notre Charte d’Hippocrate est consultable à la page
http://www.exmed.org/archives08/circu532.html
Cette lettre en illustre l’article 8
Je ne renoncerai pas à protéger les personnes affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou dans leur dignité.
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