Je vire à l'obsédé : des vers, j'écris partout,
J'en fais la nuit, le jour, en vers et contre tout.
De mon verbe grisé, j'en deviens vers-de-gris
J'en envoie, j'en reçois, partout le vers est mis.
Je m'octroie ces feux verts pour verres de contact,
En vérité me dis que je manque de tact.
De rage, je suis vert, me tance vertement,
Et en cent points divers mon verbiage reprends.
S'il y a verre et vair, il y a aussi vert
Ou encore le ver, qui rime avec mes vers ;
Et si la vérité est bien au fond du verre,
J'accède à la sagesse et alors persévère …
« Vers bouteille, vos yeux », m'ont dit des gens sévères,
Voulant me mettre au vert et m'ôter tout couvert.
Je les envoie au diable, à celui de vauvert !
Je leur lancerais bien ma volée de bois vers …
Tout au fond de son vers, le vrai est-il présent ?
Tempête en verre d'eau est verre grossissant …
Le ver n'est dans le fruit que quand le fruit est mûr,
Et pour se bien noyer, le verre est le plus sûr.
Le verre à moitié vide, un jour a été plein.
Et s'il était de trop, c'est qu'il était de vin.
Verre à pied ou à dent, tous deux vont à la bouche,
Et point de ver à nez qui semblerait fort louche …
Mon vers est à l'envers ? Je l'ai pris à revers ?
S'il n'est pas à l'endroit, c'est qu'il est de travers …
Les vers les plus discrets percent les plus grands trous,
Certains petits sous-vers amènent grands remous.
Celui qui casse un vers il faudra qu'il le paye :
Les verres dépolis teintent mal aux oreilles.
Le re-vert du printemps n'est pas celui des vestes ;
On ne peut l'essuyer, la chose est manifeste.
On ne voit qu'en hiver, le joli vert des pins ;
L'herbe aussi est plus verte en le pré du voisin !
Tout vers est relatif, fait de jaune et de bleu :
Il suffit bien qu'il soit le moins véreux qu'on peut …
Les vers des grands poètes on les connait déjà.
Sont-ils alors trop verts et bons pour des goujats ?
Infime vers de terre et rimant avec peine,
Sur mon papier de vers, je rêve de Verlaine…
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