À la suite de la publication sur ce site de mon texte Don Quichotte et les médecins, j'ai surveillé mon courriel avec une réelle inquiétude. Oser écrire, dans un média destiné aux médecins, qu'ils sont passés à côté d'un auteur qui peut leur ouvrir des horizons inconnus ne manque pas de culot.
Pour ce crime de lèse majesté de l'orthodoxie scientifique, j'imaginais risquer quelques solides fessées doctorales. Risque assumé, et partagé par mon éditeur internet. Et bien, rien n'est venu. Pas la moindre missive.
Pas la moindre mise en boite, pourtant facile. Prendre au sérieux l'antique Don Quichotte, c'est digne d'un esprit combattant les moulins à vent. Quand, en plus, l'autrice qui soutient la thèse audacieuse d'une lecture cabalistique de ce monument littéraire est elle-même une romancière et une autodidacte en matière scientifique et universitaire, la mesure est comble !
Mais, après tout, je me suis dit pour me consoler, ne pas critiquer c'est aussi parce que le discours proposé ne donne pas prise à une attaque. En plus, c'est bien connu, les médecins sont des gens suroccupés. Ils n'ont pas de temps pour écrire, en dehors de leur cabinet.
L'argumentation, à la réflexion, est faible. Rien n'empêche un message télégraphique,genre SMS, juste pour dire : j'ai lu. Pas aimé ou aimé. Point final. Personne, dans la vie normale, oserait ne rien répondre, au besoin par un haussement d'épaule, à celle ou celui qui lui dit quelque chose.
Il est étrange que le simple passage par un écran deshumanise et cloue le bec. Le recepteur se comporte comme un réservoir à informations. L'emetteur n'a aucun moyen de savoir si ce qu'il dit intéresse ou non la personne qui est assise derrière son écran numérique.
Frustrant pour l'amour-propre du plumassier ? Simple état d'âme, dépit indigeste d'un rédacteur qui voudrait «accrocher» son lecteur ? Oui. Mais pas seulement. Si les points de vue ne se frictionnent pas les uns avec les autres, s'il n'y a pas d'échanges et de débats, à quoi sert-il de parler ? Juste un cerveau utilisé comme une caisse enregistreuse, c'est triste.
Il suffit alors de faire confiance à ceux dont le métier est de savoir, et de les suivre en aveugle. Le libre arbitre, cela existe-t-il encore au pays des spécialistes en tout ?
La question va me tarauder sur la plage où je vais de ce pas me faire griller au soleil. Un livre de qualité sous le bras. Avec un pied de nez aux bons apôtres sanitaires qui veulent mon bien malgré moi.