Drôle de musique en vérité que celle qui nous fait chanter. Car c’est de chantage dont il est question. De quelques côtés que vous vous tourniez, les relations humaines sont en grande partie basées sur le chantage.
Chantage à la santé, au travail, à l’argent, à la sécurité, chantage à l’amour. Tout est chantage. Et le plus étonnant, c’est que nous chantons en choeur sous la direction des maîtres (chanteurs bien entendu).
Et sur quelle base s’appuie le chantage ? Sur la peur, celle de perdre, celle de mourir, celle de n’être pas, ou trop… Cette peur que nous ne réussissons pas à retourner contre les maîtres chanteurs.
Vous aurez compris qu’il s’agit ici de d’oser « faire une révolution ». Celle qui consisterait à « reprendre le pouvoir » que nous avons laissé de façon inconsidérée à toutes celles et ceux qui pensent réussir à planifier nos vies.
Pour retrouver la confiance il suffit de regarder la tête en bas. Ou encore de voir les maîtres chanteurs…tout nus. Vous vous apercevrez très vite que les dessous sont infiniment moins terrorisants que les paroles emplies de menaces ou de fausse compassion.
Reprendre confiance dans notre propre capacité d’être et de faire, en réalisant que tous nos chers (très chers) donneurs de leçons et faiseurs de lois ne peuvent agir que parce que nous leur donnons notre confiance. Il est important d’ailleurs de réaliser que cette confiance n’est en aucun cas basée sur la valeur de ces personnages mais plutôt sur l’incapacité que nous avons à reconnaître notre peur et nos niveaux d’incompétence. Alors nous restons dans la pensée magique de notre enfance : Papa Président et Maman État seront toujours là pour nous sauver.
La conscience d’être, en désordre : unique, compétent, pensant, agissant, la conscience de notre puissance, de nos valeurs, de nos peurs pour mieux les affronter. Voilà toutes les consciences ou La Conscience dont nous allons devoir faire preuve, enfin, pour reprendre les pouvoirs que nous avons abandonnés.
Pouvoir d’être humain et non d’esclave, pouvoir de clients et non de consommateurs, pouvoir de soignants et non de prestataires de services, pouvoir de dire NON comme de dire OUI en fonction de notre capacité réelle d’engagement, pouvoirs de parents et non de géniteurs de futurs consommateurs…bref, pouvoirs d’hommes et de femmes responsables.
Qu’en est-il de notre conscience lorsque nous nous agglutinerons devant nos téléviseurs pour regarder les J.O. en oubliant le sang de la place Tien An Men, lorsque nous fermons les yeux sur le prix de l’essence ou du gaz sans réaliser que ce sont les acheteurs qui ont la main et pas les vendeurs, lorsque nous payons certains dépassements d’honoraires pour être opérés, lorsque nous sortons sans sourciller nos euros en les confondant avec les francs. Faîtes donc le petit test suivant, lorsque votre boucher ou votre légumier vous vente les prix…il suffit de lui répondre haut et fort en multipliant les chiffres par 7, fuite immédiate des cons-ommateurs. Pourtant si personne n’achète…personne ne vend.
Notre compétence lucide de résistance au chantage. Car lorsque l’on vous serine à longueur d’ondes que vous êtes trop gros et donc que vous risquez de mourir plus tôt, pourquoi a-t-on autorisé pendant des décennies la vente des aliments trop sucrés. Pourquoi les patients se plaignent-ils des tours de vis à répétition puisqu’ils ont usés et abusées de notre système de soins, pourquoi se plaindre de manquer d’argent quant nous « jouissons » de notre temps libre ?
La compétence est mariée pour toujours à la responsabilité. Comment, dans tous les pays du monde, en vertu du principe que plus on s’élève dans la hiérarchie et plus on atteint son niveau d’incompétence, peut-on espérer des gouvernants responsables ? Si ce fameux principe (dit Principe de Peter) est incontournable comment réussir à faire confiance aux chefs incompétents ?
Tout simplement en restant lucides, en refusant la soumission à la peur et aux chantages. Même dans nos sociétés dites évoluées, le premier principe de gouvernement reste encore et toujours le Chantage. Si nous sommes gentils, nous aurons des bons points et mieux, nous en aurons plus que les copains. D’où le second principe : diviser pour mieux régner.
Il est à craindre que nous ayons déjà fait le seul choix qui nous reste : celui de mourir, autrement dit : de rester frileusement en équilibre. Aurons-nous un dernier sursaut de vie…prendre le risque de refuser de chanter ?
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